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Emilie Le Pennec, meilleure française aux Championnats du Monde,
est entrée dans deux finales (Concours II et III) lors de sa première expérience mondiale. 14e du concours général et finaliste au sol, elle revient sur cet événement en pensant déjà un peu aux Jeux Olympiques

L’équipe qualifiée, 14e au concours général et 5e en finale au sol, c’est plutôt très bien pour ta première participation. Es-tu satisfaite?
Je suis assez contente car pour ma première participation nous avons réussi à nous qualifier pour les JO et je suis entrée dans deux finales, c’est très bien . Mais je suis déçue par rapport au résultat d’équipe car ce n’était pas ce que l’on espérait.

Que s’est-il passé ?
Les premiers podiums d’entraînement se sont très bien passés mais ensuite le jour de la compétition, on se dit que l’on a qu’un seul passage pour réussir.
Toute l’équipe a chuté. Nous étions stressées de l’enjeu de la compétition. Il y avait beaucoup de nations très fortes, mais nous savions aussi que l’on avait le niveau pour très bien faire. Seules les Américaines et les Roumaines étaient au- dessus du lot, ensuite tout était possible. Heureusement que nous avions de la marge car toutes les équipes qui se sont qualifiées pour les JO ont fait des matches quasi parfaits, sauf nous. Je pense que l’on aurait facilement pu être dans les huit premières.

On t’attendait plutôt en finale aux barres et finalement tu as fait la finale au sol. Comment cela s’est-il déroulé?
C’était nouveau pour moi car on n'avait pas d’échauffement dans la salle, un peu comme à Bercy sauf que là, la salle d’échauffement était assez loin, on avait plus d’attente entre le passage en compétition et l’échauffement.
En finale au sol, j’ai fait de belles acrobaties et quelques petites fautes en chorégraphie, j’étais très satisfaite de mon exercice qui rattrapait un peu la catastrophe des barres. Ce n’était pas une surprise pour moi d’être en finale car c’était mon objectif. C’est vrai qu’il y a beaucoup de gymnastes.

Dommage pour ta chute aux barres. Déçue ?
Oui, bien sûr car avec mon exercice qui part sur 10, cela m’ouvrait une place en finale. Je suis tombée sur le passement filé valse, un élément que je ne maîtrise pas toujours à l’entraînement. C’est vrai que cet élément est venu après la réussite de mon Def, je me suis un peu déconcentrée.

Nous avons vu très peu de gymnastes exécuter le De (vrille 1/2 aux barres) pendant ces Championnats du Monde. Peux-tu nous expliquer cet élément très difficile.
C’est un lâcher comme un Gienger. C’est-à-dire que l’on descend en soleil, on lâche la barre, on fait comme un salto 1/2 tour et là il faut engager la vrille très vite. Il faut rester très gainée et ne pas se désunir pour rattraper la barre. Il ne faut pas non plus tirer dans la barre.

Dans ce Championnat du Monde, qu’est-ce qui t’as le plus impressionné ?
Quand je suis entrée pour la première fois dans la salle, avec tout ce public j’ai été très impressionnée. Nous avions déjà fait les Internationaux à Bercy en 2002 et 2003 avec beaucoup de public, mais là, les Américains criaient, il y avait beaucoup de bruit. Aux Etats-Unis, c’est une ambiance spéciale. J'ai été très applaudie au sol sur ma musique de West Side Story, ça, je m'en souviendrai longtemps.

Qu’as-tu pensé du niveau général de ces Championnats du Monde?
J’ai beaucoup aimé la gymnaste roumaine Catalina Ponor car elle ne ressemble pas aux autres générations. Elle a réussi à créer son style, elle travaille différemment, elle est très élégante. Dommage qu’elle soit faible aux barres, sinon elle pourrait espérer un podium olympique. Quant aux Américaines, elles ont beaucoup tenté des éléments peu communs essentiellement en poutre. C’était la première fois que je les voyais. Carly Patterson, c’est de la dynamite !!

Participer aux JO sera ton prochain objectif. Comment vas-tu te préparer?
Nous avons plusieurs stages cette année et des compétitions importantes (tournois à l’étranger, les préolympiques en février, les Internationaux de France en mars et le Championnat de France en avril). J’ai repris les entraînements le 8 septembre. Les reprises sont toujours un peu difficiles, mais maintenant on n'a plus de temps à perdre. Nous essayons des éléments nouveaux. Au sol, je vais modifier mes diagonales : je travaille le double tendu, le tempo triple vrille. Aux barres, je vais changer la composition de mon mouvement avec un Katchev et un tour volant valse Def.

Est-ce que tu penses déjà aux JO ?
Oui parce que cette année je ne me prépare que pour ce grand rendez-vous.
Y aller ce serait déjà vraiment très bien et je sais aussi que la finale aux barres asymétriques est accessible. Aujourd’hui, nous sommes quatorze filles dont le mouvement part sur 10. Il y a deux Chinoises, une Anglaise, une Australienne, une Espagnole, deux Ukrainiennes, deux Coréennes, deux Américaines, une Biélorusse et une Russe. Alors, cela reste très ouvert…

Quel résultat peut espérer l’équipe de France aux JO ?
Avec un match parfait, on peut faire bien mieux que la 10e place. Les Australiennes ont terminé 3e, nous avons les mêmes contenus. Mais nous devons améliorer le saut, et la régularité à tous les agrès. Nous avons le potentiel, on va travailler, je suis confiante. Pour ma part, depuis deux ans, j’ai fait énormément de progrès dans mes placements, j’ai assimilé beaucoup de difficultés. Maintenant il me reste un an pour stabiliser tous ces éléments et acquérir plus d’assurance.

Après Anaheim, tu es partie en vacances ?
Après les Championnats du Monde, je suis restée en vacances avec ma famille venue me rejoindre aux Etats-Unis et nous avons visité le Grand Canyon, Las Vegas, la région du Monument Valley, c’était très beau.

Une interview d'Emilie avant les jo d'Athenes !